Capable d’aborder toutes les techniques – lettrages, collages, pochoirs, peinture sur toiles mais aussi calligraphie et sérigraphie – Nefase est aussi à l’aise dans la rue que dans les galeries où ses toiles à la fois abstraites et figuratives sont prisées. Fait rare chez les graffeurs, souvent autodidactes, il a suivi dans sa jeunesse les cours d’une école de peintres en lettres classiques en région parisienne pendant huit mois. « Pendant toutes ces années, j’ai pu essayer, par périodes, toutes les pratiques du pochoir, les collages. Sur les toiles, je mixe toutes les techniques, ça dépend du rendu que je veux obtenir. Parfois, je n’utilise que le pinceau. Il m’est arrivé de faire des toiles qui ne sont du tout dans le graffiti, mais dans l’abstrait ».
Les collages qu’il exécute dans la rue ne doivent rien au hasard. Dessinés au brouillon, puis reproduits sur papier en atelier, ils sont appliqués au mur sur un mélange de colle à bois et de colle à papier peint fait maison, puis accompagnés à la bombe, « pour que l’image soit moins figée ». Art de l’éphémère, le collage pourra avoir été arraché le soir même. « Si je voulais que ça reste, je le ferais chez moi, sur une toile. Dans la rue, c’est à tout le monde ». Il lui est arrivé, par le passé, de demander l’autorisation à des particuliers de peindre sur leurs murs. « Je suis très à cheval là-dessus, je n’irai pas peindre chez quelqu’un sans son accord. Les surfaces des transformateurs EDF dans des espaces délaissés font aussi de très bons supports. Nous sommes d’ailleurs en contact avec eux pour peindre avec leur accord et monter des projets de décoration. »
Nefase fait partie de ces artistes qui font le lien entre les puristes qui ne jurent que par la rue et le grand public.
« Je tiens à garder le lien avec la rue tout en cherchant à développer celui avec les galeries : ça permet de vivre de son art et d’orienter son travail vers ce que la clientèle aime, sans toutefois faire trop de compromis ». Une toile à l’arrière-plan abstrait expose un motif figuratif représentant un train et une locomotive, un univers qu’il affectionne. « J’ai réalisé cette toile en mixant les techniques : acrylique, marqueurs gouache, feutres, peinture à la bombe… Je sors du lettrage en proposant des œuvres plus accessibles au public, parfois en lorgnant du côté de la peinture académique. Ça me caractérise vraiment. Le défi, c’est d’avoir un style ».
Ce qui lui tient particulièrement à cœur, c’est de déclencher des vocations. Pas vraiment fan des écrans, il aimerait que « des gamins d’aujourd’hui fassent pareil, des petites illustrations sur des grandes surfaces ». Parmi les projets de Nefase, une expo en préparation à Rouen. L’association Are you Graffing ? fait aussi appel à Nefase et son ami Kero pour renouveler la décoration des carreaux des serres des Jardins Suspendus, « y en a pour un mois de boulot ! ».
Pour prolonger le plaisir, chacun peut avoir son œuvre de Nefase sur soi en achetant un tee-shirt sérigraphié « Weapon-one ».
Paris Normandie 16 Avril 2021